La philosophe mystique et pédagogue Simone Weil (1909-1943) évoque dans ses « Réflexions sur le bon usage des études scolaires », l’indispensable formation à l’attention :

Simone Weill

« « Les lycéens, les étudiants qui aiment Dieu ne devraient jamais dire : « Moi, j’aime les mathématiques », « Moi, j’aime le français », « Moi, j’aime le grec ». Ils doivent apprendre à aimer tout cela, parce que tout cela fait croître cette attention qui, orientée vers Dieu, est la substance même de la prière.

N’avoir ni don, ni goût naturel pour la géométrie, n’empêche pas le recherche d’un problème ou l’étude d’une démonstration de développer l’attention. C’est presque le contraire. C’est presque une circonstance favorable. Si on cherche avec une véritable attention la solution d’un problème de géométrie, et si au bout d’une heure on n’est pas plus avancé qu’en commençant, on a néanmoins avancé durant chaque minute de cette heure dans une autre direction plus mystérieuse.

Sans qu’on s’en doute, sans qu’on le sache, cet effort en apparence stérile et sans fruit a mis plus de lumière dans l’âme. » (1)

En mystique, Simone Weill parle de Dieu, là où nous parlons de logiciel de l’infinitude et de synchronisation des deux hémisphères cérébraux.

Au-delà des terminologies, ce qui importe c’est l’attention, l’intense effort de pensée, appliqué à un problème de géométrie ou à tout autre sujet, que peut mobiliser nos deux logiciels de pensée :

et c’est surtout par l’effort d’attention, que peut se faire l’élévation du logiciel ordinaire du fini vers celui de l’infinitude :

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Pour Simone Weill, au-delà de l’intérêt intrinsèque des exercices scolaires, la formation de la faculté d’attention est le but véritable des études.

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(1) Simone Weill  « Réflexions sur le bon usage des études scolaires » (1942)  (sans référence de page)