Patanjali et Vyasa sont les réels ou légendaires, rédacteur puis commentateur, 2 siècles avant ou 4 siècles après notre ère, des Yoga Sutras.

Patanjali entre mythe et réalité

Les Yoga Sūtra de Patanjali, sont un texte fondamental du Yoga. Il est composé de 195 versets répartis en 4 chapitres, qui décrivent l’Ashtanga Yoga et les Siddhis, qui en sont les manifestations pratiques.

Ashtanga signifie huit parties ou étapes et constitue une méthode progressive, pouvant conduire le pratiquant au niveau ultime d’harmonie universelle : le samadhi.

Siddhi est un mot sanskrit signifiant accomplissement ou perfection, qui dans le yoga désigne les pouvoirs surnaturels.

Dans les commentaires de Vyāsa du chapitre Vibhūti pāda des Yoga Sūtra, sont mentionnés et expliqués huit siddhis majeurs qui sont :

  • aṇimā : revêtir une forme infime ou réduire le corps en atomes des plus ténus ;
  • laghimā : devenir aussi léger qu’une plume ;
  • mahimā : devenir immense ;
  • prāpti : supraperception et capacité d’obtenir ce que l’on veut ;
  • prākāmya : accomplir toute chose ;
  • vaśitva : volonté irrésistible ;
  • īśitva : suprématie divine ;
  • kāmāvasāyitā : le pouvoir de subjuguer ses passions

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 En outre, les Yogasūtra mentionnent les six siddhis secondaires suivants  :

  • prātibha : clairvoyance ;
  • śrāvaṇa : capacité d’entendre les sons divins ;
  • vedana : capacité de ressentir les attouchements divins ;
  • ādarśa : capacité de percevoir les formes divines ;
  • āsvāda : capacité de goûter la divine saveur ;
  • vārttā : capacité de sentir le divin parfum

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Dans la quatrième chapitre intitulé « Kaivalya pāda » des Yogasūtra, Patañjali donne cinq sortes d’origine aux siddhis :

  • janma : de naissance (résultante des acquis des vies antérieures)
  • auṣadhi : par les plantes (substances psycho-actives)
  • mantra : par les mantras (exercices de concentration-dynamisation du corps d’énergie)
  • tapas : par le tapas (l’ascèse) ;
  • samādhi  : par le samādhi (état d’unité universelle)

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L’aphorisme 19 des yoga-sutras de Patanjali évoque la télépathie ou capacité de percevoir les pensées d’autrui :

« On connaît les pensées des autres.»

L’aphorisme 16 est relatif à la précognition et à la rétrocognition :

« Grace au Samyama, on a la connaissance du passé et du futur. »

Le 31 évoque l’inédie qui est la faculté de vivre sans alimentation matérielle : « Par le samyama sur le fond de la gorge, on supprime la faim et la soif. »

Le 18 est relatif à la connaissance des vies antérieures :

« Par la vision claire des imprégnations latentes en nous, on a la connaissance des vies antérieures. »

Le 40 traite de la lévitation, la capacité de suspendre les effets de la force gravitationnelle :

« Grâce à la maîtrise de l’udâna (souffle d’expiration montant vers le haut), on peut s’élever au-dessus de l’eau, de la boue et des épines, et ne pas en être affecté.»

Le 45 évoque la maîtrise de la matière et donc les capacités de matérialisation :

« On obtient la maîtrise des cinq éléments en faisant samyama sur le but, la fonction et la relation entre leur apparence grossière, leur forme et leur essence subtile. »

C’est ce qu’expriment les aphorismes 37 et 38 :

« De là naissent les facultés subtiles au niveau de l’audition, de la perception, de la vision, du goût et de la sensation.

Ces perceptions para-normales sont des obstacles dans la voie du samadhi quand leurs pouvoirs s’écartent du centre.»

Les siddhis sont une réalité universelle, potentiellement accessible à chacun de nous, dès lors que par la pratique de la concentration, nous parviendrons à transformer notre corps-esprit.

Sri Aurobindo, fait justice de certaines condamnations des siddhis :

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Sri Aurobindo

« L’esprit moral ou religieux fait erreur quand il condamne le pouvoir en Soi, comme une chose que l’on ne doit ni accepter ni rechercher, sous prétexte qu’il est naturellement corrupteur et mauvais.

Dans la plupart des cas cette opinion se trouve justifiée, apparemment, mais ce n’en est pas moins un préjugé foncièrement aveugle et irrationnel.

…le pouvoir est une chose divine et il a été mis ici bas pour un usage divin. Shakti –volonté, pouvoir- est le moteur des mondes. » (1)

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(1) Sri aurobindo, cité par Satprem «Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience »  (page 306)