Daryl Bem est un psychologue social américain qui fut professeur à l’Université Cornell et auteur de nombreuses recherches, particulièrement sur les perceptions extrasensorielles.

Daryl Bem

L’étude fut publiée en 2011 dans le Journal of Personnality and Social Psychology, sous le titre de « Feeling the Future : Expérimental Evidence for Anomalous Retroactive Influences on Cognition and Affect ».

Il s’agit d’une suite de tests statistiques randomisés, contrôlés en double aveugle, appelés « valeur-p » ou « p-valeur », destinés à démontrer la réalité de la capacité de précognition.

La valeur-p permet de quantifier la significativité statistique d’un résultat dans le cadre d’une hypothèse nulle. Dans le cas d’un choix binaire l’hypothèse nulle est de 50/50. Tout écart significatif apparaissant par rapport à ce point d’équilibre, révèle l’existence d’une anomalie.

Dans l’expérience de Daryl Bem,  le but est de tester la capacité de précognition des sujets, pour des images érotiques.

Un millier de sujets, essentiellement des étudiants, ont été testés en 9 sessions.

Les sujets sont placés face à un écran d’ordinateur qui affiche deux rideaux.

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1 – On demande au sujet de pressentir derrière quel rideau se trouve une image, qui peut être neutre ou érotique.

2 – Le sujet fait son choix en cliquant sur l’un ou l’autre rideau.

3 – L’ordinateur choisit ensuite aléatoirement, une image qui est placée derrière l’un des deux rideaux.

4 – L’ordinateur révèle ce qui se trouve derrière les rideaux.

Lorsque l’image révélée est neutre, telle une chèvre dans l’image ci-dessous, les résultats globaux sont proches des 50/50 logiquement attendus, en l’occurrence 49,6%.

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Par contre, lorsqu’il s’agirait d’une image érotique, les taux de succès passerait à 53,1%, ce qui représente un écart très significatif.

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L’expérience de Daryl Bem est critiquable sur plusieurs points :

1 – La principale erreur, celle qui motive la plupart des critiques, est d’expliquer la perception d’infos sur le futur, par une inversion du sens du temps : « time-reversing ».  Ce qui impliquerait qu’un effet puisse agir sur sa cause, ce qui est absurde.

L’explication du phénomène est beaucoup plus simple : le précognitif perçoit un événement programmé, donc une information existante au moment de la précognition.

2 – Une seconde erreur est d’employer des participants sans aucune sélection préalable, comme si tous les humains avaient les mêmes capacités de perception extra sensorielle.

Les travaux de parapsychologie, en particulier ceux du Dr Norman Don, ont démontré que les perceptions extrasensorielles impliquaient une activité cérébrale particulière, caractérisé par une synchronisation des hémisphères cérébraux et une activité électrique alpha (6 à 12 cycles/seconde).

3 – La réalisation d’expériences non contrôlables et difficilement reproductibles, ce qui expose à la critique habituelle de manipulation des résultats. 

4 – La dernière critique ne porte pas sur la méthode scientifique, mais sur son peu d’intérêt pour le grand public. Les expériences de laboratoire sont sans portée pratique, ce qui confine l’expérience au petit monde de la recherche parapsychologique.